Chapelet Marial
Histoire du Rosaire
Texte intégral du site : Chapelle Notre-Dame de la Médaille Miraculeuse
sous l’onglet Halte spirituelle
Les origines
Dès les premiers temps de l’Église, Marie est unie à son Fils Jésus dans l’amour des chrétiens et la prière des fidèles.
Au IIIe siècle, on se tourne vers Marie en reprenant les paroles de l’ange Gabriel à l’Annonciation: « Je vous salue, pleine de grâce ».
Au IXe siècle, l’antienne de l’offertoire du 4e dimanche de l’Avent ajoute à la salutation de l’ange à Marie l’exclamation d’Elisabeth lors de la Visitation. Seul est ajouté au texte le nom de Marie. Ce sera, jusqu’à la fin du XVe siècle, la première expression du Je vous salue Marie.
Au XIIe siècle, la dévotion à Marie prend une importance considérable en Occident. Cette antienne de l’Ave Maria devient une prière populaire que l’on aime à répéter, comme à la même époque, en Orient, on répète le nom de Jésus dans ce qu’on appelle la prière du coeur. Dans les monastères, elle remplace peu à peu les Pater Noster que récitent les frères convers pendant que les moines chantent les psaumes en latin. Les cordelettes à noeuds puis les bouliers à grains inventés, peut-être sous l’influence des musulmans rencontrés lors des pèlerinages en Terre Sainte ou lors des premières Croisades, pour compter les psaumes et les Notre Père, vont être utilisés dès lors pour compter les Je vous salue Marie. On parle du Psautier de Marie.
Au XIIIe siècle, la grande mystique sainte Gertrude ajoute le nom de Jésus en conclusion du Je vous salue Marie.
Au XIVe siècle, on aime couronner les statues de la Vierge avec des petits chapeaux de fleurs ou chapelets, ou avec des guirlandes de roses ou rosaires, comme ceux dont on coiffait les jeunes filles aux jours de fête. C’est alors qu’on baptise de ces jolis noms les cordelettes et les bouliers qui servent à compter les Pater et les Ave. Chaque Ave Maria est comme une rose offerte à la Vierge Marie!
Dominique le Chartreux père du Rosaire
Au XVe siècle, en Prusse, le prieur de la Chartreuse de Trèves conseille à un novice de réciter chaque jour cinquante Ave Maria en méditant la vie de Jésus. Le jeune chartreux Dominique rédige alors 50 courtes méditations, ou clausules, non seulement en latin mais aussi en allemand. Son prieur est séduit par cette proposition nouvelle et l’envoie à divers monastères de son ordre. Puis Dominique rédige une série de trois fois 50 clausules, en parallèle avec les 150 psaumes. Peu à peu, pour faciliter la mémorisation, on passe à l’usage de regrouper les Ave en quinze dizaines, toutes introduites par un Pater. On réduit ainsi le nombre de clausules qui passe de 150 à 15. Le Rosaire est né. Par la suite, on réserve l’usage du mot « Rosaire » aux quinze dizaines, chapelet n’en désignant que cinq. C’est au frère Alain de la Roche, né en Bretagne en 1428, entré dans l’Ordre des prêcheurs (dominicains) que l’on doit sa diffusion. Il prêche en Flandre puis à Lille où, en contact avec des monastères chartreux, il découvre les clausules de Dominique de Prusse qui l’enthousiasment. Alain de la Roche devient le grand apôtre du Rosaire. Il prône la création des Confréries du Rosaire dont le succès est immense, jusqu’en Italie et dans le reste de l’Europe occidentale.
Curieusement, Alain de la Roche attribue l’origine du Rosaire à saint Dominique, le fondateur de son ordre, mort en 1221! Bien que sans aucun fondement historique, cette légende sera répétée jusqu’à une époque très récente.
À la fin du XVe siècle apparaît la formule «Sainte Marie, Mère de Dieu, priez pour nous pécheurs». L’adjectif «pauvres» accolé à «pécheurs» est ajouté plus tard.
La prière du peuple chrétien
Au XVIe siècle, l’imprimerie permet de multiplier les livrets ornés de gravures représentant les « mystères » choisis pour les méditations.
En 1571, le Pape Pie V, dominicain, institue comme fête de Notre-Dame du Rosaire le 7 octobre, déjà fête de la confrérie, en action de grâce pour la victoire de Lépante sur les Turcs considérée comme un miracle obtenu par la prière du Rosaire dans laquelle toute la chrétienté s’est impliquée à sa demande.
En 1572, le même Pie V officialise la liste des quinze mystères. Le Rosaire devient la prière du peuple chrétien. Au long des siècles, de grands chrétiens vont y attacher leur nom.
Au XVIIIe siècle, Louis-Marie Grignion de Montfort est le grand apôtre du Rosaire.
Au XIXe siècle, Pauline Jaricot lance le Rosaire vivant.
À la grotte de Lourdes, en 1858, Bernadette Soubirous récite le chapelet avec la Sainte Vierge.
Bartolo Longo fonde à Pompéi un sanctuaire dédié à la Vierge du Saint Rosaire.
Le Pape Léon XIII consacre à la prière douze encycliques, ce qui le fait appeler « le Pape du Rosaire ».
Au XXe siècle, à Fatima, en 1917, la Vierge elle-même déclare à trois enfants: « Je suis Notre-Dame du Rosaire. Je suis venue pour exhorter les fidèles à réciter chaque jour le chapelet, à faire pénitence pour leurs péchés et à changer de vie ».
En ce début du XXIe siècle, Jean-Paul II proclame une année du Rosaire. Il lance un cri poignant à tous les chrétiens: « Que mon appel ne reste pas lettre morte » et ajoute aux quinze mystères, joyeux, douloureux, glorieux, des « petits nouveaux », les cinq mystères lumineux.
LES 15 PROMESSES DE MARIE À CEUX QUI PRIENT LE CHAPELET
(Extrait des écrits du Bienheureux Alain de la Roche)
Maman Marie a révélé au bienheureux Alain de la Roche, un moine dominicain du XVe siècle, les promesses suivantes:
- À tous ceux qui réciteront dévotement mon Rosaire, je promets ma protection toute spéciale et de très grandes grâces.
- La dévotion du Très Saint Rosaire est un grand signe de prédestination.
- Quiconque récitera pieusement le Rosaire et persévérera dans cette dévotion, verra ses prières exaucées.
- Ceux qui propageront mon Rosaire seront secourus par moi dans tous leurs maux.
- Persévère dans mon Rosaire et je subviendrai à tes besoins.
- Celui qui récite pieusement le Rosaire, en méditant les mystères, se convertira s’il est pécheur.
- Ceux qui récitent le Rosaire trouveront pendant leur vie et à leur mort réconfort et lumière.
- Celui qui se recommande à moi par le Rosaire ne périra pas.
- À ceux qui récitent mon Rosaire, je promets ma protection spéciale.
- Prêche le Rosaire ; c’est une arme très puissante contre l’enfer, et un bouclier impénétrable contre les traits de l’ennemi.
- Quiconque récitera dévotement le Rosaire croîtra en grâce, s’il est juste, et deviendra digne de la vie éternelle.
- Je promets des grâces de choix aux dévots de mon Rosaire.
- Je veux que ceux qui chantent mes louanges par le Rosaire aient lumière, liberté et plénitude de grâces.
- Les vrais dévots du Rosaire ne mourront pas sans sacrements.
- Je suis spécialement la Mère des enfants du Rosaire qui sont dans le Purgatoire, tous les jours, j’en délivre un grand nombre.
- Les vrais enfants de mon Rosaire jouiront d’une grande gloire dans le ciel.
Dans Le Secret du Très Saint Rosaire, saint Louis-Marie Grignion-de-Montfort dit :
La prière du chapelet avec la méditation des mystères du Rosaire :
- nous élève insensiblement à la connaissance parfaite de Jésus-Christ.
- purifie nos âmes du péché.
- nous rend victorieux de tous nos ennemis.
- nous rend la pratique des vertus plus facile.
- nous embrase de l’amour de Jésus-Christ.
- nous enrichit de grâces et de mérites.
- nous fournit de quoi payer toutes nos dettes à Dieu et aux hommes.
- et enfin nous fait obtenir de Dieu toutes sortes de grâces.
Bénéfices du Rosaire selon Jean-Paul II (tiré de la Lettre sur le Rosaire, 16 octobre 2002)
- Le Rosaire est une prière merveilleuse de simplicité et de profondeur.
- La profondeur du message de l’Évangile est concentrée dans cette prière du chapelet.
- Par le Rosaire, Maman Marie m’enseigne à entrer dans l’amour de Dieu, et à contempler la beauté du Visage de Jésus.
- Par le Rosaire, le croyant puise beaucoup de grâces.
- Le Rosaire nous accompagne dans les temps de joie et dans les temps d’épreuve.
- Nous pouvons trouver en lui le réconfort.
- Le Rosaire nous apprend le secret de la paix du cœur.
- Le Rosaire dispose celui qui prie à recevoir la paix de Jésus et à la répandre.
- Le Rosaire est une prière méditative qui favorise la rencontre ave Jésus dans ses mystères.
- Les principaux épisodes de la vie de Jésus défilent dans notre cœur, et nous mettent en communion vivante avec Jésus à travers le cœur de sa Mère.
- La méditation des mystères de la vie de Jésus nous apprend à le reconnaitre en mon prochain, surtout dans les plus souffrants.
- Le Rosaire produit des fruits de charité.
- Par le chapelet, nous présentons à Dieu tous les événements de nos vies, de nos familles, de l’Église et du monde… Ainsi, le Rosaire s’écoule au rythme de la vie humaine.
- Tiré du livre : Le Secret Admirable du Très Saint Rosaire, pour se convertir et se sauver par Saint Louis-Marie Grignon de Montfort, 18e siècle
Cet enseignement doit nous servir à connaître la grandeur du Rosaire pour le priez tous les jours et en tirer tous les avantages. Cet enseignement doit aussi nous inspirer pour l’enseigner aux autres.
Prier le Rosaire est une pratique divine. C’est le Ciel qui nous l’a donnée pour convertir les pécheurs.
La prière du Rosaire a l’air tellement simple qu’on ne pourrait pas s’imaginer tous les cadeaux qu’on peut recevoir par un seul chapelet : comme la plus petite des graines semée en terre qui deviendra un arbre majestueux. Imaginez l’Enfant Jésus qui offre des fleurs à sa Maman chérie. Depuis que Jésus sur la croix a dit à son disciple : Voici ta mère ! et à Marie : Voici ton fils, nous sommes tous les enfants de Marie, et comme Jésus, nous voulons lui offrir des fleurs.
Les roses que nous offrons sont nos Notre Père et nos Je te salue Marie, bien dits, avec amour, et unis à nos bonnes œuvres, et ces roses ne vont jamais se faner et leur éclat sera brillant jusque dans l’éternité.
Si vous êtes fidèles à prier le chapelet tous les jours, malgré la grandeur de vos péchés, vous vous convertirez tôt ou tard et vous serez sauvés. Ainsi, vous recevrez une couronne de gloire qui ne se flétrira jamais.
Le Rosaire renferme la prière du cœur, car on médite les principaux mystères de la vie, de la mort et de la gloire de Jésus et de sa Mère, Marie. Le Rosaire renferme aussi la prière vocale, car pour chaque chapelet, on dit 5 fois le Notre Père suivi de 10 Je te salue Marie, pendant qu’on médite et qu’on contemple les vertus principales que Jésus et Marie ont pratiquées.
Le peuple juif connaissait le Psautier de David qui se trouve dans notre bible, les 150 psaumes, et les offraient à Dieu comme prière. Déjà, les premiers chrétiens priaient 150 Notre Père pour offrir au Seigneur ce nouveau Psautier accessible à tous. Très tôt, les chrétiens ont commencé à honorer Marie la sainte Mère de Dieu et notre Mère, poussés par l’Esprit-Saint. Quand on honore Marie, on fait la volonté de Dieu qui l’honore Lui-même.
On peut nommer la prière du Rosaire le psautier de Jésus et de Marie, parce qu’elle contient 150 salutations à Marie comme celle faite par l’ange Gabriel, comme il y a 150 psaumes dans la bible. On peut, en priant le Rosaire, produire autant de bénéfices, que de réciter tous les psaumes, et même plus.
Le Rosaire, comme on le connaît aujourd’hui, a été enseigné par Marie à saint Dominique pour convertir les pécheurs, en l’an 1214.
Saint Dominique parlait partout de Jésus et de Marie pour que tous les gens changent de vie, se détournent de leurs péchés et reviennent de tout leur cœur à Dieu, mais Dominique voyait peu de résultats, peu de conversions. Découragé, il passa trois jours et trois nuits en prière et pénitence.
La Sainte Vierge lui apparut et lui dit: Si tu veux gagner à Dieu ces cœurs endurcis, prêche mon psautier, le très saint Rosaire.
À partir de ce moment et tout le reste de sa vie, saint Dominique annonça avec beaucoup de ferveur l’excellence du Rosaire. Tous les matins, Dominique commençait sa journée en priant un chapelet. Avant de partir prêcher, il priait un autre chapelet pour se préparer et demander à Maman Marie de préparer les cœurs. Au retour de sa prédication, il remerciait Jésus et Marie par la prière d’un troisième chapelet. Alors, il a pu constater que beaucoup de pécheurs renonçaient à leurs erreurs, se convertissaient et changeaient de vie.
En 1460, la sainte Vierge demande au bienheureux Alain de la Roche, un prêtre de la communauté de Saint-Dominique, de raviver la ferveur du peuple face au saint Rosaire. Elle lui dit : Tu as été un grand pécheur en ta jeunesse, mais j’ai obtenu de mon Fils ta conversion et j’ai prié pour te rendre digne de prêcher partout mon Rosaire. Jésus aussi est apparu à Alain de la Roche pour lui dire: Tu as tout ce qui est nécessaire pour prêcher le Rosaire de ma Mère et par ce moyen instruire et retirer plusieurs âmes du péché; ainsi, les pécheurs seront sauvés et tu empêcheras de grands malheurs.
Le Rosaire de Marie est divisé en trois chapelets pour nous remplir de grâces pendant la vie, de paix à la mort et de gloire dans l’éternité. Saint Dominique a partagé la vie de Jésus et de Marie en quinze mystères, pour nous montrer leurs qualités et nous les donner en exemple. Les mystères joyeux, douloureux et glorieux sont quinze flambeaux pour guider nos pas dans ce monde et pour allumer le feu de l’amour de Jésus et de Marie dans nos cœurs. Plus tard, le Seigneur inspirera à saint Jean-Paul II cinq autres mystères de la vie de Jésus, les mystères lumineux.
Marie a enseigné à saint Dominique cette prière pour réveiller en nous le désir de prier et pour faire revivre en nos cœurs l’amour de Jésus.
LES PRIÈRES DU ROSAIRE
Le Je crois en Dieu qu’on récite sur la croix du chapelet est un résumé des vérités de la foi chrétienne. Quand on s’approche de Dieu par la prière, on s’approche avec foi. Ça veut dire qu’on croit en Dieu et qu’on place notre confiance en Lui. La foi est la clef qui nous fait entrer dans les mystères de Jésus et de Marie, contenus dans le Rosaire.
En priant le chapelet, il ne faut pas chercher seulement un bien-être ou une consolation spirituelle. La foi et la bonne intention sont ce qui compte pour bien réciter son Rosaire. Il ne faut pas abandonner le chapelet parce qu’on a une foule de distractions involontaires, ou encore un ennui, une fatigue dans notre corps. Continuons à prier dans une foi animée par l’amour de Dieu et des pécheurs.
Le Notre Père est la prière enseignée par Jésus lui-Même. Cette prière contient sept demandes par lesquelles on peut se corriger et se fortifier. Elle est courte et facile, afin que, comme nous sommes fragiles, on puisse recevoir rapidement le secours de Dieu.
Je te salue Marie : personne ne peut honorer Marie par une plus belle salutation que celle que Dieu lui a adressée par l’ange Gabriel. En la nommant Comblé de grâces, Dieu nous dit que le Saint-Esprit a rempli de grâces son épouse, et qu’ainsi, elle peut toujours en distribuer abondamment à ceux qui lui en demandent.
Marie a révélé à sainte Mechtilde que chaque fois qu’on lui dit Le Seigneur est avec toi, Marie ressent la même joie que lorsque le petit Jésus a été conçu dans son ventre. Quand on lui dit Tu es bénie entre toutes les femmes, Marie loue la miséricorde de Dieu qui l’a élevée à ce haut degré de bonheur. En priant : Jésus, le fruit de tes entrailles, est béni, tout le ciel se réjouit avec Marie de voir Jésus adoré et glorifié, pour avoir sauvé les humains.
Le Je te salue Marie, même s’il s’adresse directement à la Mère de Dieu, plaît beaucoup à Dieu. Dieu le Père est glorifié quand nous honorons la plus parfaite de ses créatures. Dieu le Fils est glorifié quand nous louons sa Mère. Dieu le Saint-Esprit est glorifié quand nous admirons les grâces dont il a rempli son épouse, Marie.
Quand Marie a visité sa cousine Élisabeth, cette cousine lui a donné des louanges sur sa dignité de Mère de Dieu. Tout de suite, Marie a retourné à Dieu ces louanges par son chant du Magnificat. De la même façon, Marie renvoie à Dieu les éloges et les louanges que nous lui donnons par la prière du Je te salue Marie.
Jésus a dit à Alain de la Roche : Si le pécheur se sent écrasé par le fardeau de ses fautes, qu’il prie le chapelet en pensant aux mystères joyeux, douloureux ou glorieux, et pendant ce temps, Jésus montrera ses plaies sacrées à Dieu le Père. Jésus, comme un avocat, plaidera pour le pécheur et lui obtiendra de regretter ses fautes et d’aller les confesser au sacrement du Pardon. Si le pécheur récite souvent le chapelet, Jésus sera son Avocat, il priera Dieu le Père d’être moins sévère envers lui au jour du jugement.
Dans une des apparitions de Marie à Alain de la Roche, elle lui a dit que parmi toutes les prières ou les dévotions qui existent, la plus grande est la Messe. La Messe est la meilleure façon de se rappeler la passion, la mort et la résurrection de Jésus. Quand Jésus a célébré la première messe avec ses apôtres, le jeudi saint, Il a dit : Faites ceci en mémoire de Moi. À chaque messe, le mystère de Jésus qui nous sauve par sa passion se renouvelle.
Marie a aussi révélé au bienheureux Alain qu’après la messe, la plus belle dévotion est le Rosaire. En méditant les mystères du Rosaire, on garde dans la mémoire de notre cœur toute la vie et la passion de Jésus.
Pour terminer, je vais vous raconter une petite histoire :
Une dame dévote de Rome menait une vie de pénitence et d’austérité. Au sacrement du Pardon, saint Dominique lui donna pour pénitence de dire un seul Rosaire et lui conseilla de le dire tous les jours. Elle s’excusa sur ce sujet, sous prétexte qu’elle a ses exercices de pénitence réglés, que plusieurs fois par semaine, elle offre à Dieu des prières, des jeûnes et autres sacrifices. Saint Dominique l’encourage à suivre son conseil, mais elle refuse. De retour chez elle, elle récite un Rosaire pour accomplir sa pénitence. Alors qu’elle est en prière, elle voit son âme obligée de paraître devant le Souverain Juge. Saint Michel met tous ses renoncements, ses sacrifices et autres prières dans un bassin de la balance et de l’autre tous ses péchés et imperfections. Le bassin de ses bonnes œuvres est trop léger pour contrepeser le bassin de ses péchés et imperfections. Tout alarmée, elle crie miséricorde ! Elle s’adresse à la sainte Vierge Marie, son avocate, qui laisse tomber dans le bassin des bonnes œuvres le seul Rosaire dit par la dame en pénitence. Ce Rosaire est si puissant, qu’il pèse plus lourd dans la balance que toutes les bonnes œuvres, et contre-pèse tous ses péchés. La sainte Vierge Marie la reprend d’avoir refusé de suivre le conseil de son serviteur Dominique. La dame va alors se jeter aux pieds de saint Dominique, lui raconte ce qui lui est arrivé, lui demande pardon de son incrédulité, et elle promet de dire le Rosaire tous les jours. Voilà comment elle arriva par ce moyen à la perfection chrétienne, et à la gloire éternelle.
Tiré de la Lettre sur le Rosaire, Saint Jean-Paul II, 16 octobre 2002
Tout en ayant une caractéristique mariale, le Rosaire est une prière dont le centre est christologique. Dans la sobriété de ses éléments, il concentre en lui la profondeur de tout le message évangélique, dont il est presque un résumé. En lui résonne à nouveau la prière de Marie, son Magnificat permanent pour l’œuvre de l’Incarnation rédemptrice qui a commencé dans son sein virginal. Avec lui, le peuple chrétien se met à l’école de Marie, pour se laisser introduire dans la contemplation de la beauté du visage du Christ et dans l’expérience de la profondeur de son amour. Par le Rosaire, le croyant puise d’abondantes grâces, les recevant presque des mains mêmes de la Mère du Rédempteur.
Depuis mes plus jeunes années, cette prière a eu une place importante dans ma vie spirituelle. Mon récent voyage en Pologne me l’a rappelé avec force, et surtout la visite au sanctuaire de Kalvarija. Le Rosaire m’a accompagné dans les temps de joie et dans les temps d’épreuve. Je lui ai confié de nombreuses préoccupations. En lui, j’ai toujours trouvé le réconfort.
« Le Rosaire est ma prière préférée. C’est une prière merveilleuse. Merveilleuse de simplicité et de profondeur. En effet, sur l’arrière-fond des Ave Maria défilent les principaux épisodes de la vie de Jésus Christ. Réunis en mystères joyeux, douloureux et glorieux, ils nous mettent en communion vivante avec Jésus à travers le cœur de sa Mère, pourrions-nous dire. En même temps, nous pouvons rassembler dans ces dizaines du Rosaire tous les événements de notre vie individuelle ou familiale, de la vie de notre pays, de l’Église, de l’humanité, c’est-à-dire nos événements personnels ou ceux de notre prochain, et en particulier de ceux qui nous sont les plus proches, qui nous tiennent le plus à cœur. C’est ainsi que la simple prière du Rosaire s’écoule au rythme de la vie humaine. »
Certaines circonstances historiques ont contribué à une meilleure actualisation du renouveau du Rosaire. La première d’entre elles est l’urgence d’implorer de Dieu le don de la paix. Le Rosaire a été à plusieurs reprises proposé par mes Prédécesseurs et par moi-même comme prière pour la paix. Au début d’un millénaire, qui a commencé avec les scènes horribles de l’attentat du 11 septembre 2001 et qui enregistre chaque jour dans de nombreuses parties du monde de nouvelles situations de sang et de violence, redécouvrir le Rosaire signifie s’immerger dans la contemplation du mystère de Celui «
qui est notre paix », ayant fait « de deux peuples un seul, détruisant la barrière qui les séparait, c’est-à-dire la haine » (Ep 2, 14). On ne peut donc réciter le Rosaire sans se sentir entraîné dans un engagement précis de service de la paix, avec une attention particulière envers la terre de Jésus, encore si éprouvée, et particulièrement chère au cœur des chrétiens.
Le Rosaire est une prière orientée par nature vers la paix, du fait même qu’elle est contemplation du Christ, Prince de la paix et « notre paix » (Ep 2, 14). Celui qui assimile le mystère du Christ – et le Rosaire vise précisément à cela – apprend le secret de la paix et en fait un projet de vie. En outre, en vertu de son caractère méditatif, dans la tranquille succession des Ave Maria, le Rosaire exerce sur celui qui prie une action pacificatrice qui le dispose à recevoir cette paix véritable, qui est un don spécial du Ressuscité (cf. Jn 14, 27; 20, 21), et à en faire l’expérience au fond de son être, en vue de la répandre autour de lui.
Le Rosaire est aussi une prière de paix en raison des fruits de charité qu’il produit. S’il est bien récité comme une vraie prière méditative, le Rosaire, en favorisant la rencontre avec le Christ dans ses mystères, ne peut pas ne pas indiquer aussi le visage du Christ dans les frères, en particulier dans les plus souffrants. Comment pourrait-on fixer, dans les mystères joyeux, le mystère de l’Enfant né à Bethléem sans éprouver le désir d’accueillir, de défendre et de promouvoir la vie, en se chargeant de la souffrance des enfants de toutes les parties du monde ? Comment, dans les mystères lumineux, pourrait-on suivre les pas du Christ qui révèle le Père sans s’engager à témoigner de ses « béatitudes » dans la vie de chaque jour ? Et comment contempler le Christ chargé de la Croix et crucifié sans ressentir le besoin de se faire le « Cyrénéen » de tout frère brisé par la souffrance ou écrasé par le désespoir ? Enfin, comment pourrait-on fixer les yeux sur la gloire du Christ ressuscité et sur Marie couronnée Reine sans éprouver le désir de rendre ce monde plus beau, plus juste et plus proche du dessein de Dieu.